La minute RH.

Ne fais pas ci ! Ne fais pas ça ! Ne clique pas sur le lien !… Il peut être corrompu !… Vérifie que tu connais l’expéditeur ! Est-ce normal que tu reçoives un mail de lui aujourd’hui ?! En cas de doute, signale-moi l'email,  je te dirai s’il y a un problème !  

Voilà nos DSI et RSSI qui arrivent avec leurs gros claviers!

Les choses deviennent épiques dans la tête de nos utilisateurs ! Plusieurs stratégies sont développées ; « Pas vu pas pris ! » « Ce n’est pas moi, c’est le mot de passe de l’autre ! » « Priorité aux soins et à la disponibilité de l’information ! … »

Certaines informations sont à tel point disponibles qu’on peut retrouver le mot de passe sur un sparadrap sur le PC ! 

 Hygiène hospitalière ? OK !

 Secret professionnel ? OK ! 

Hygiène numérique ? Au secours, dispersion dans les rangs !! On frôle la septicémie numérique dans cet hôpital !

Quel diagnostic poser ? Quels sont les signes observés ?

Formation aux logiciels métiers ? OK !

Procédures rédigées et diffusées ? OK !

Et pourtant l’hôpital est toujours fiévreux…  D’où cette fièvre du numérique peut-elle bien venir ? Poursuivons l’étude clinique … 

Identification des différents utilisateurs ? De leur maîtrise des outils numériques ? De leur intérêt pour le numérique ? Aïe ! On a oublié la cartographie des utilisateurs et des usages !

Formation au fonctionnement des outils numériques ? « Ce n’est pas dans le plan de formation et de toute façon,  on n’a ni le budget ni le temps ! Priorité au patient ! » Et pourtant on ne connaît que trop les effets des bugs liés aux mauvaises pratiques générateurs de coûts cachés non négligeables (non-productivité des personnels, agacements, perte de données…).

Ah ! On se rapproche de la cause de cette fièvre ; quelle place a-t-on accordée à l’humain dans le plan numérique de l’hôpital ??

À l’hôpital un seul mot d’ordre : « Priorité au patient ! »

Le risque infectieux, « la bête noire des hôpitaux » ; on gère !

 

Le risque infectieux numérique ? On clique ! Aïe ! Ce n’est pas gagné, ils n’ont toujours pas compris !

- Pourtant tout est dans la charte informatique !

- Ah, tu parles du document de 14 pages que j’ai signé en arrivant, mais je n’ai pas le temps de le lire, je sauve des vies, MOI, Monsieur ! 

- J’ai mis en place un MOOC et des vidéos de sensibilisation à destination des utilisateurs sur l’intranet, je vous fais suivre le lien

- C’est quoi un MOOC ?

- MOOC, «massive open online course» = cours en ligne ouvert à tous, la nouvelle tendance liée à la digitalisation de la formation !

- Je n’ai déjà pas le temps de lire mes mails, alors ton MOOC …! Mon temps c’est au patient que je le donne !

- Le patient attend certes de l’attention, il souhaite aussi la discrétion sur son dossier médical. Le secret médical est un secret partagé certes et il doit par conséquent être protégé aussi par les bonnes pratiques  numériques ! 

La solution numérique pour répondre aux besoins de formation est intéressante et ludique pour un utilisateur averti et intéressé par le numérique et ne convient pas à tous les utilisateurs.

Alors justement, nos « as du numérique » que font-ils ?  Ils créent des dossiers partagés pour leur suivi patient sur leur dropbox comme ils partagent leurs photos de vacances avec les copains. On est loin des usages professionnels responsables et raisonnés du numérique ; l’utilisateur ne fait pas toujours la distinction entre son usage privé, parfois « déviant », et sa pratique professionnelle.

Ça y est, on a trouvé l’origine de la fièvre : des solutions pas suffisamment adaptées aux utilisateurs, à leurs usages et à leurs besoins.

L’humain va au plus simple et si la contrainte est trop importante, l’humain met en place une magnifique stratégie d’évitement et vous pourriez être surpris de sa forte capacité à innover d’un seul coup.

Les clés de la réussite de la transformation numérique :

- Impliquer

- Fédérer

- Diffuser

 

Et si on incluait le numérique dans l’évaluation des pratiques professionnelles ?

Messieurs les DSI et RSSI, allez sur le terrain de votre interlocuteur  pour qu’il se souvienne de votre passage.

Qui est écouté et a du poids dans l’organisation d’un établissement de soins ?

L’infirmièr(e) hygiéniste ! Alors devenez le temps d’une sensibilisation, un infirmier de l’hygiène numérique et faîtes le tour des services !

 

Ingrid-Dumont.
Présidente d’Angerone et Vice-Présidente du Conseil de développement du Pays Loire Angers. Ingrid Dumont accompagne les établissements de santé dans la transformation numérique des organisations et l'amélioration de la Qualité de Vie au Travail. Titulaire d’un 3ème cycle en Management et gestion des ressources humaines, d’une maîtrise en droit social ; elle a respectivement occupé des fonctions en tant que juriste et cadre en ressources humaines.

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