E-santé, « mise en culture » nécessaire

Si la e-santé ne cesse de gagner du terrain, la formation de ses acteurs peine à se déployer. Résultat : les professionnels de santé reprochent aux DSI de ne pas assez prendre en compte leurs besoins. Ils ne disposent pas eux-mêmes d’une culture de la e-santé suffisamment solide.

Les professionnels de santé doivent intégrer dans leur pratique les solutions de téléassistance ou encore d’éducation thérapeutique à partir d’applications mobiles et de serious games qui se développent. Sans compter les solutions de télésurveillance à domicile. Mais, les référentiels de formation médicale et paramédicale n’intègrent pas, en formation initiale, de volet e-santé. La situation n’est guère plus favorable en formation continue, où le déficit est patent. Résultat, « il y a plus de besoins que de compétences, tant pour les professionnels de santé que pour les personnels des DSI », déplore Lisette Cazellet, Consultant formateur, responsable formation Association FORMATICSanté.

La voie du MOOC

À nouveaux usages, nouvelles formations. Pour répondre à ces besoins, FormaticSanté a fait le pari des MOOC (massive open online course, soit formations en ligne pour tous) en lançant en 2015 un parcours « découverte » de formation en ligne d’initiation à la e-santé, ouverte à tous et gratuite. Preuve de la pertinence du concept et de la réponse apportée : plus de 5 000 personnes se sont aujourd'hui inscrites à la plateforme qui délivre 18 heures de formation sur un cycle de 6 semaines, préparées notamment avec le concours des représentants de la DGOS, de l’HAS, de l’ASIP, du CNOM, des usagers, etc. « Nous avons un bon retour de la part des participants, qui peuvent développer des projets e-santé, faire évoluer leur poste ou mettre en place des actions de formation à la e-santé », se félicite Lisette Cazellet. Un parcours approfondi sera ouvert à l’automne pour ceux ayant validé le parcours « découverte », avec au menu l’éthique, la gestion des risques, le big data ou encore le travail en collaboration avec les usagers.

Manque de reconnaissance

Au déficit de formation répond un défaut… de reconnaissance des tutelles du système de santé. Lisette Cazellet exprime le souhait que cette initiative associative à laquelle participe des acteurs institutionnels puisse bénéficier d’une valorisation de ce travail et d’un coup de main financier public. Cela permettrait notamment de pouvoir réaliser des enquêtes auprès des participants afin de mettre au point de nouvelles formations. « On pourrait, par exemple, en envisager une autour de l’usage des réseaux sociaux… Un potentiel important de nouvelles formations existe. Mais, cela nécessite des moyens », conclut Lisette Cazellet qui n’est pas en manque d’idées.

En savoir plus : http://mooc-esante.org

Pierre-Derrouch.
Journaliste e-santé, il observe et décrypte l’apport du numérique et des technologies de l’information dans l’amélioration de la prise en charge des patients, en ville comme à l’hôpital.

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