e-parcours : les nouveaux SI de coordination territoriale

Alors que les expérimentations Paerpa (Personnes âgées en risque de perte d’autonomie) et TSN (Territoire de soins numérique) proposent depuis 2014 la mise en place de coordinations resserrées des professionnels de santé avec une approche populationnelle pour Paerpa et territoriale pour TSN, quels enseignements peut-on tirer de ces projets et quand aura lieu le passage à l’échelle, qui était le but recherché dans les deux cas ?

Les besoins des patients et des professionnels

Les pouvoirs publics se sont emparés depuis longtemps de la problématique des parcours de soins. Ils représentent une opportunité pour répondre à la nécessaire évolution de notre système de santé afin de pallier la progression des maladies chroniques et les situations de perte d’autonomie.

Ces parcours ne sont possibles que si l’on permet aux différents professionnels qui prennent en charge le patient de communiquer entre eux et de partager des informations médicales (dossier patient, résultats d’examens…). De son côté, le patient, pour être acteur de son parcours, doit disposer d’outils lui permettant de s’informer à la fois sur sa pathologie et sur le système de santé, mais aussi d’interagir avec les professionnels pour la prise de rendez-vous ou la consultation de résultats. Les systèmes d’information sont le support indispensable de toutes ces interactions.    

Quels Systèmes d’Information au service des parcours ? 

Dans l’approche retenue par Paerpa, un corpus méthodologique commun, notamment le Plan personnalisé de santé (PPS) est proposé aux professionnels pour organiser la prise en charge coordonnée du patient. En l’absence de portail pour le supporter, le PPS repose sur la mise en conformité des éditeurs de chaque logiciel métier avec un cahier des charges (définition d’un PPS, exigences d’interopérabilité pour l’identification du patient, la structuration des données médicales…), et les échanges doivent se faire par les messageries sécurisées MSSanté.

Du côté de TSN, le parti pris est différent. Le financement octroyé, destiné en priorité à la construction progressive d’une plateforme numérique santé du territoire, est sans précédent pour des secteurs géographiques aussi limités (80 millions d’euros pour les cinq projets). Les plateformes doivent assurer l’interopérabilité des outils des professionnels et leur bonne coordination. Les consortiums d’industriels sélectionnés ont déjà mis en œuvre une partie de leurs fonctionnalités.

Les fonctionnalités du SI de coordination territoriale 

Ces deux programmes permettent de définir les fonctionnalités types d’un SI de coordination territoriale (cf. schéma ci-contre[Office1] ). Ils permettent de réaliser l’intégration via une plateforme unique d’un grand nombre de services numériques de santé aujourd’hui dispersés. Ces SI sont articulés autour des blocs suivants :

  • Fonctions socles pour garantir la bonne intégration et la cohérence des échanges : annuaires (professionnels, structures, identification des patients), interopérabilité technique et sémantique (cadre d’interopérabilité des SI de santé), partage et échange d’informations (messageries sécurisées, Dossier pharmaceutique, Dossier médical partagé), fonctions de sécurité (authentification, habilitations) ;
  • Fonctions destinées à outiller la coordination des professionnels : spécifications de contenus métiers définis par des sociétés savantes ou la HAS (volet de synthèse médicale, lettre de liaison, CR de résultats d’examens…), fonctions de coordination (orientation des patients via le ROR, gestion de workflows et d’alertes autour d’un PPS, programmation avec gestion d’agendas), référentiels et protocoles métiers ;
  • Portails d’accès : destinés aux professionnels et aux patients/aidants.

Dans l’idéal, les professionnels devraient pouvoir utiliser ces fonctions directement à partir de leur logiciel métier ; à défaut ils utilisent le portail professionnel de la plateforme. Certaines briques peuvent également être utilisées par des professionnels en relais de la coordination des acteurs de terrain, dans les plateformes territoriales d’appui par exemple. 

Le devenir de ces expérimentations

Ces expérimentations nécessitent une intégration forte entre de nombreux logiciels hétérogènes, en particulier chez les professionnels libéraux, et les services du SI de coordination. L’adaptation de ces outils ralentit les projets. Il faut ajouter à ces difficultés d’outillage un manque de temps des professionnels libéraux et des freins organisationnels, notamment autour de l’adaptation de la facturation à cette nouvelle organisation.

Même si ces contraintes peuvent limiter le déploiement de ces SI, les programmes TSN et Paerpa permettent d’accélérer la spécification des outils de coordination, leur intégration aux services numériques existants et d’en vérifier tant l’usage que l’intérêt pour les professionnels. C’était l’objectif annoncé dès le départ pour TSN : chaque projet pilote doit permettre de créer une offre de service validée par l’expérience, qui puisse être déployée sur d’autres territoires.

Pour préparer leur généralisation dès 2017, le ministère vient d’annoncer le déblocage de 150 millions d’euros sur cinq ans. En parallèle, un nouveau programme « e-Hôp 2.0 » est évoqué. Il permettra d’accompagner le développement de ces nouvelles générations de SI de coordination territoriale, pour améliorer les parcours de soins des patients.

AL ALAMI Houda.
Consultante mc2i Groupe.

AUBOUY Cedric.
Consultant mc2i Groupe.

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