Informaticiens en santé : des profils rares?

Le secteur du numérique rassemble une multitude de métiers souvent vulgairement nommés au titre d’« informaticiens », une « appellation » rétro utilisée à toutes les sauces qui dit tout et rien à la fois, et plutôt plus rien que tout.

Il en dit souvent très long  sur la méconnaissance des métiers de L’I.T (Information Technology) traduit par ses acteurs comme un manque de considération. Oui, les métiers de l’I.T sont de vrais métiers et ne se limitent pas, dans leur fonction à faire des PowerPoint et jouer à Candie Crush.

Administrateur systèmes, administrateur infrastructure, administrateur réseau, administrateur bases de données, administrateur SMTP… Technicien support : bureautique, application, poste de travail… Développeur d’applications (…) Chef de projet, Manager, DSI, RSSI, DPO, etc.

Le site DSIH-Métiers en a répertorié à ce jour prêt de 40.

Manque de budget ou budget non alloué à la DSI ?

Manque de considération de la part de certains décideurs ou ignorance de la transition numérique en cours ?

Certains décideurs n’ont malheureusement pas encore compris que ce domaine était devenu stratégique et qu’il est aujourd’hui le centre névralgique interconnectant l’ensemble des métiers d’un établissement de santé.

Les « informaticiens » des établissements de santé s’avèrent être une denrée rare. De ce fait, il faut souvent savoir jouer les « couteaux suisses », en particulier dans les petites et moyennes structures.

On y trouve donc souvent des passionnés, des professionnels investis, multitâches, mais rarement reconnus.

Ces profils de plus en plus rares au regard de la demande font parfois l’objet de convoitise du privé ou du public. On peut donc voir certains éditeurs du secteur de la santé mettre la main au porte-monnaie pour débaucher quelques « pépites » qui n’ont jamais été regardées par leurs hiérarchies, extrêmement surprises de se faire voler la main d’œuvre qui leur semblait facilement remplaçable.

Les gestions RH de certains établissements, centrées sur leurs propres problématiques quotidiennes peuvent malheureusement parfois se limiter à du remplissage de cases.

Au-delà des critères quantitatifs, il est urgent de se concentrer sur le qualitatif!

Les services RH au vu des compétences techniques propres à chaque métier de l’I.T doivent porter toute leur attention sur la rédaction de leurs annonces. Pour éviter de se retrouver avec des candidats « informaticiens boulangers », au même titre que l’on consulte un chef de services de chirurgie pour recruter un nouveau chirurgien, il semble évident que l’on se doit de consulter le DSI compétent pour établir une fiche de poste adaptée.

Au vu de l’imprécision de certaines annonces, il ne faut pas s’étonner de se retrouver avec des postulants qui mettent en avant leur expérience de livreurs de pizzas et qui ont pour compétences informatiques, l’installation d’un client Bit Torrent sur l’ordinateur du beau-frère !

La conservation de ces profils spécifiques au sein des établissements de deviendra de plus en plus difficile, en particulier dans le secteur public !

Même si il est difficile pour moi de partager son avis sur le chiffrement, notre ancien Premier ministre Bernard CAZENEUVE, lui, l’avait bien compris, si on se réfère à la circulaire du 21/03/2017 qu’il a fait passer lors de son bref mandat.

Je cite : « …mettre en place un plan d'actions permettant d'attirer, de recruter et de fidéliser les agents travaillant dans les métiers du numérique et des systèmes d’information et de communication, lesquels disposent de compétences rares. ».

Maintenant, il n’y a plus qu’à espérer que ce texte arrive sur les bureaux de certains décideurs.

A nous tous, professionnel de l’I.T d’apprendre à mieux communiquer sur nos métiers auprès de nos établissements et de nos départements RH.

 

Charles Blanc Rolin.
Administrateur systèmes et réseaux de formation, il a intégré la DSI du Centre Hospitalier de Saint-Flour en 2008. Référent des systèmes d’information depuis septembre 2015.

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